Une barque vide ballottée par la mer cendreuse donne une idée du vertige de la solitude. Une méduse provoque des visions à la seule pensée de sa membrane hallucinante. Vingt-quatre heures déclinées à l'aplomb d'un champ de tournesols rameutent une série d'images proliférantes. Une montagne brûlée évoque le noyau obscur des mots dont la coque se craquelle, un corps nu dans un sous-bois, le mystère de l'éveil au monde. Les ruines d'une usine sont hantées par l'absence, autrement qu'un nom à demi effacé sur une stèle. Explorant des situations et des figures singulières, le poème cherche à révéler ce qui excède le visible. Confrontée aux forces élémentaires et aux états de la matière, la langue doit rendre la sensualité de l'eau et la dureté de la pierre, la suavité de la fleur et la chaleur du feu, le goût de la neige ou du sel. Écrire accomplit alors une métamorphose : la lumière qui émane des choses infuse dans les mots.