Après quarante ans consacrés à l'écriture, un écrivain, avec l'aide d'un romancier plus jeune, s'efforce de penser tout haut ce qu'est pour lui la littérature, où elle commence, où elle s'achève, définition qui par essence toujours lui échappe. Savoir rédiger suffit-il pour savoir écrire ? N'est-ce pas plutôt le style qui fait l'écrivain ? Mais quelle est sa nature ? Serait ce une chimère que de prétendre l'entrevoir dans la marche de nos heures ? La littérature serait-elle à ce point mêlée à nos sentiments, nos actes ? En fournirait-elle la couleur ? L'âme ?
En neuf entretiens menés à bâtons rompus, Michel Chaillou tente (et c'est le jeu de la mémoire) de repasser, d'affûter les événements de sa vie, ses rencontres, ses amitiés, ses sympathies, ses lectures, pour y discerner les graines possibles de son style (s'il en a un), d'expliquer à son interlocuteur, Jean Védrines, mais aussi à lui-même et aux autres, comment a pu naître l'écriture qui lui est propre, sa manière d'être dans les mots, ses mille façons d'y respirer, d'y vivre. Et cela grâce à une notion qu'il nomme l'écoute intérieure, une manière de poser l'oreille sur la page pour enfin entendre le mystère de ce qui survient ! Car écrire, c'est lire (cette autre façon d'écouter), mais lire ce qui n'existe pas encore. Mais à quels signes sait-on qu'on a affaire à de la littérature ? Autant de questions impossibles auxquelles Michel Chaillou, dans cette autobiographie intellectuelle, s'efforce au mieux de répondre.