Cet ouvrage est avant tout une étude de la langue de Freud. Il se démarque de ce que l'on appelle habituellement une "critique des traductions", son propos n'étant pas d'affirmer la suprématie de tel ou tel modèle traductif. Il est plutôt une critique de la naïveté de certains lecteurs quant à l'enjeu du passage d'une langue à une autre, c'est-à-dire d'une culture à une autre, d'un système de pensée à un autre, et donc quant à ce qui nécessairement périt dans ce passage. Il tente de mettre en lumière comment, dans l'écriture de Freud, la forme des énoncés de pensée visualise, en le proposant simultanément aux sens requis dans la lecture, l'argument que développe la pensée en train de décrypter le sens inconscient d'un processus psychique. En fournissant de nombreux exemples où morphologie et syntaxe s'allient pour engendrer, dans la complexité du langage, l'empreinte de la complexité psychique, ce "petit manuel de langue freudienne à l'usage des simplificateurs" offre ainsi une double possibilité de lecture: il peut soit être consulté, discuté dans une perspective d'apprentissage, soit faire l'objet d'une base de réflexion au carrefour de diverses disciplines (linguistique, traductologie, poétique du texte, psychanalyse, philosophie). Il relève en effet d'une démarche transversale qui interroge les rapports respectifs entre traduction et transmission.