Comment la femme a-t-elle été prise au piège de la féminité ? Quels discours ont présidé à cette mascarade de la sexuation ? On ne peut faire l'économie d'une approche féministe de ce fait culturel où viennent se conjuguer discours religieux, médical, politique, juridique, pictural ou littéraire. C'est sur un tel arrière-plan que prennent forme les contre-interpellations de Locke, de Wollstonecraft ou de Mill. Mais ce travail archéologique effectué, le féminisme classique reste-t-il pertinent pour une lecture de l'écriture féminine anglaise ? Comment échapper au leurre des intentions d'auteurs, aux catalogues thématiques, quand ce n'est pas aux bons sentiments ? Quels outils théoriques se donner, qui permettent de rendre compte avec rigueur du féminin à l'œuvre ? Comment, par exemple, relever le défi de la psychanalyse et de la déconstruction ?
Ce n'est qu'après s'être livré à cette recherche fondamentale, qui voit Virginia Woolf jouer en définitive un rôle charnière, que le présent ouvrage forge le concept de «dysposition», qu'il met à profit pour repérer les effets et les modalités d'un style, ou plus exactement d'une restylisation du féminin, notamment à travers les romans contemporains de Doris Lessing, Jean Rhys, Angela Carter ou Jeanette Winterson.
Transgressant les frontières érigées entre histoire des idées et des représentations, théorie critique et commentaire littéraire, l'auteur jette un regard insolent tant sur les clichés de notre culture, que sur les modes théoriques ou que sur les poncifs de l'écriture féminine. Il propose ainsi une démarche audacieusement «post-féministe» qui, en définitive, réconcilie éthique et esthétique.