Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les
troupes de Patton, le 11 avril 1945.
L'étudiant du lycée Henri-IV, le lauréat du concours général
de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les
intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est
pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa
mort. Un temps, il va croire qu'on peut exorciser la mort
par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Pour s'arracher
à ce cercle vicieux, il sera aidé par une femme, bien sûr, et
peut-être par un objet très prosaïque : le parapluie de
Bakounine, conservé à Locarno. Dans ce tourbillon de la
mémoire, mille scènes, mille histoires rendent ce livre sur
la mort extrêmement vivant.
Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou
un document. Mais il a composé une oeuvre d'art, où l'on
n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est
qu'à quelques pas de Buchenwald.