La danse, nous dit, Bettina L. Knapp, est l'expression primaire, l'exhibition d'une vitalité dont la puissance opère simultanément sur l'artiste et sur le spectateur - ou sur l'imagination créatrice de l'écrivain.
L'auteur ne se contente pas de rapporter quelques épisodes chorégraphiques fameux, éparpillés dans les littératures du monde ; elle va plus loin en soumettant les personnages et leur temps à une enquête passionnante de leur tréfonds ; elle s'outille d'un concept cher à Jung, repris par Bachelard, voire par la littérature mythocritique : l'archétype. Elle rend compte des raisons qui poussent danseurs et écrivains à communier dans un langage auquel l'humanité se réfère depuis longtemps.
Dix chapitres - forts d'une approche subtile des corps et des âmes engagés dans la danse (de Melville au théâtre no), qu'enrichit une analyse érudite du matériau littéraire et de sa signification symbolique - apportent, à cet ouvrage, rigueur et densité, dans la manière de rattacher un phénomène artistique au registre des grandes questions sur l'inconscient et sur les archétypes universels.