Les cycles arthuriens du XIIIe siècle sont des ensembles au statut singulier, composés de romans autonomes mais pourtant interconnectés. À leurs caractéristiques formelles s'ajoute le projet de construire des univers de fiction cohérents, susceptibles d'instaurer un canon arthurien définitif. La brièveté de la période de production (1200-1240 environ) est contrecarrée par le succès durable de ces textes au Moyen Âge ; la cyclicité est une forme romanesque expérimentale qui génère surtout des modes de lecture nouveaux. Les romans cycliques produisent un réseau que le lecteur peut explorer à sa guise, de manière partielle ou complète, ordonnée ou désordonnée, en un parcours sans cesse renouvelé. C'est ce réseau inter-romanesque, dans les textes et leurs manuscrits, qui est l'objet de la présente étude : les romans cycliques, loin de développer leur sens en autarcie, vivent de la mise en lien de leurs récits et construisent ensemble, par le biais de la lecture organisatrice, des mondes narratifs multipolaires.