Selon une thèse largement répandue, Schiller serait l’héritier et le continuateur de Kant, et les Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme représenteraient le témoignage de son adhésion créative au kantisme par la conception d’une relation nouvelle entre la théorie et la pratique. L’ouvrage prend le contrepied de ce lieu commun. Il s’efforce de renouveler l’interprétation du texte de Schiller et montre en particulier l’influence de la philosophie populaire précritique, et notamment de sa composante anthropologique. La conjonction de ce registre avec une lecture singulière de l’esthétique kantienne se révèle caractéristique d’une forme de pensée qu’on peut qualifier de réformisme conservateur et dans laquelle on doit voir la matrice du libéralisme politique qui naît au début du XIXe siècle. Par sa lecture philologique serrée, ce livre s’adresse tout autant aux spécialistes de la pensée kantienne et post-kantienne qu’aux étudiants recherchant une introduction aux Lettres de Schiller.