La loi instituant la séparation des Églises et de l'État est
adoptée le 9 décembre 1905. Trois ans auparavant Émile
Combes, adversaire résolu de la religion, est porté au gouvernement.
Combes déclare vouloir mener une politique «énergique
de laïcité». Il interdit d'enseignement les congrégations
le 7 juillet 1904, ouvrant ainsi la voie à une laïcisation complète
de l'éducation, mais créant également de fortes divisions au sein
de la société française, pour partie toujours encline à vouloir
rester sous l'autorité de l'Église catholique.
C'est dans ce contexte idéologique très tendu qu'Anatole
France publie L'Église et la République en 1904, soit un an avant
le vote de la loi.
À l'heure où la France s'interroge à nouveau sur la place
que doit occuper le religieux dans l'espace public, et parce que
nous sommes indiscutablement dans un moment périlleux où
la religion s'immisce de manière spectaculaire et violente dans
la sphère politique, il est utile de relire ce texte fondateur qui
illustre combien la sécularisation de notre société s'est accomplie
dans un climat politique et social souvent très conflictuel, mais
a aussi défini avec force la nation française au XXe siècle, revendiquant
une laïcité active et vigilante.