Paris oublie trop souvent ce qu'il doit à Napoléon. C'est mal connaître la tâche immense en matière d'urbanisme et d'architecture qu'entreprit l'Empereur dans la capitale. Parmi ses projets, l'un d'entre eux, grandiose et monumental, fut celui de la fontaine de l'éléphant prévue pour la place de la Bastille.
Une maquette grandeur nature témoigne un temps de ce fantasme oriental au coeur de la ville. Puissant et romanesque, le colosse de plâtre sert d'ailleurs de toile de fond à Victor Hugo qui en fait le refuge du jeune Gavroche dans Les Misérables : on doit à l'écrivain les plus belles pages de littérature consacrées à l'animal.
Préoccupant tous les régimes jusqu'à la moitié du XIXe siècle, la réalisation de la fontaine de la Bastille fut ajournée sine die, puis abandonnée. Mais cette idée de l'empereur avait durablement frappé les esprits. C'est à la découverte de cette postérité que L'Éléphant de Napoléon nous invite. Si l'éléphant fut le rêve d'un empereur, son fantôme sut dépasser son époque.