Les tribulations d’un titre, au cours de dix années de recherche, expriment assez bien comme il peut être malaisé, pour un géographe, de choisir un sujet, de s’y tenir et de le traiter, tellement sont difficiles à cerner les limites et la finalité de notre discipline. J’avais la volonté, cependant, et ceci dès l’origine, de consacrer au monde rural normand mon travail de thèse. Celui-ci s’intitula d’abord « Les plaines et plateaux normands et la vallée inférieure de la Seine, étude d’économie rurale ». Son orientation devait être principalement économique et son cadre régional, resserré sur la Haute-Normandie, plus étroit que celui que j’adoptai finalement. Après une période d’incertitude, marquée par 28 mois d’excursions extra-universitaires, j’envisageai pendant quelque temps de réduire encore le cadre régional, afin d’étudier dans sa totalité, « le Pays de Caux » milieu rural particulièrement original et complexe. C’est une sorte de réaction qui me fit choisir finalement « l’élevage en Normandie » en ne retenant qu’un secteur d’activité, le plus important il est vrai dans cette province, et en élargissant le cadre à 2 régions de programme, 5 départements et 3 374 communes. Mais, au terme de mes recherches, je me demande si le titre ne devrait pas se transformer encore pour devenir « Les éleveurs de Normandie ».