Vache à lait, poule aux oeufs d'or, argent du beurre... Les animaux domestiques sont au coeur des dynamiques d'enrichissement du monde rural. Pourtant, les pasteurs et les agro-éleveurs du Sud sont parmi les populations les plus vulnérables de la planète. Menant une vie souvent austère, ils subissent de plein fouet les sécheresses, les crises économiques ou les conflits. L'élevage, véritable « richesse des pauvres », constitue ainsi un secteur paradoxal.
Cet ouvrage montre combien l'élevage joue un rôle central dans la vie des paysans : il fournit des aliments pour la famille, génère des revenus et constitue un moyen d'accumuler du capital. Mais la richesse des éleveurs ne se réduit pas à la quantité d'animaux dont ils disposent. Le cheptel s'inscrit en effet dans des systèmes techniques complexes dans lesquels les risques sont importants. Son rôle dans les relations sociales est en outre crucial. Les éleveurs sont donc amenés à arbitrer entre plusieurs objectifs d'utilisation du troupeau : alimentation de la famille, revenus monétaires, projets d'équipement, maintien et transmission du patrimoine, participation à la vie de la communauté.
Et ils ont recours à de nombreuses organisations sociales pour atteindre ces objectifs et gérer les incertitudes. Pour être efficaces, les politiques d'appui à l'élevage doivent tenir compte de cette complexité stratégique et organisationnelle.
S'appuyant sur une approche pluridisciplinaire du concept de pauvreté, l'ouvrage réfute les analyses du « niveau de pauvreté » en termes exclusivement monétaires. Mobilisant des outils et théories issus de la zootechnie, de l'économie, de la géographie et de la sociologie, il présente un large éventail d'observations de terrain réalisées en Afrique, au Maghreb, en Amérique du Sud et en Inde. Ces regards croisés permettent in fine de définir la pauvreté en élevage comme l'incapacité des éleveurs à réaliser leurs projets. Ils redonnent un sens au concept de pauvreté en l'habillant, en quelque sorte, de ses contenus techniques, stratégiques et sociaux.