«À treize ans, je perds toute ma
famille en quelques semaines. Mon grand
frère, parti seul à pied vers notre maison
de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin,
exécuté au bord de la route. Mon père, qui
décide de ne plus s'alimenter. Ma mère,
qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le
lit où vient de mourir une de ses filles.
Mes nièces et neveux. Tous emportés par
la cruauté et la folie khmères rouges.
J'étais sans famille. J'étais sans nom.
J'étais sans visage. Ainsi je suis resté
vivant, car je n'étais plus rien.»
Trente ans après la fin du régime de
Pol Pot, qui fit 1,7 million de morts, l'enfant
est devenu un cinéaste réputé. Il
décide de questionner un des grands responsables
de ce génocide : Duch, qui n'est
ni un homme banal ni un démon, mais un
organisateur éduqué, un bourreau qui
parle, oublie, ment, explique, travaille à sa
légende.
L'élimination est le récit de cette
confrontation hors du commun. Un grand
livre sur notre histoire, sur la question du
mal, dans la lignée de Si c'est un homme
de Primo Levi, et de La nuit d'Elie Wiesel.