Auxerre est une petite ville à l'apparence tranquille. Christophe Régnier, le narrateur, un bon à rien sympa, prépare une anthologie des «premières fois»: quand le premier strip-tease intégral a-t-il eu lieu à Paris, quel poète a employé pour la première fois le mot «joint de culasse», etc.?
Il vit avec une jeune femme charmante, Églantine, dont la soeur, Prune, mineure à la page, est un peu dealeuse. Son voisin, le mystérieux M. Léonard, exerce la profession de thanatopracteur. C'est l'Embaumeur. Autour de lui, des événements tragiques (disparitions, crimes, agressions) vont se succéder à vive allure, mêlant flics, gitons, intellos de province, érotomanes, gagneuses, révoltés debordistes...
Il s'agit d'une comédie noire, bien sûr. Dominique Noguez, qui a été le dialoguiste de Mocky (lequel apparaît d'ailleurs dans le roman), commet de multiples attentats aux bonnes moeurs et au bon goût. Il va même jusqu'à représenter le trio Sollers-Houellebecq-Angot, convoqué au stade d'Auxerre pour un grand show littéraire.
On est partagé entre le rire étouffé et l'horreur macabre. Noguez, qui a enquêté sur le métier d'embaumeur, ne nous épargne rien: nous saurons tout de la façon de rendre un cadavre présentable. En spécialiste de l'humour, auquel il a consacré plusieurs essais, il sait lier la cocasserie et l'érudition, l'exigence, notamment grammaticale, au pur délire et à la provocation douce.