Les spectaculaires révélations du lanceur d'alerte Edward Snowden ont permis au plus grand nombre de découvrir que la protection de notre vie privée est désormais menacée par la surveillance de masse à laquelle nous soumettent les merveilleux outils (smartphones, tablettes, ordinateurs) qui devaient élargir notre espace de liberté... Pourtant, on mesure encore mal à quel point, et de quelle façon, nous sommes espionnés. Et donc contrôlés.
L'inimaginable révolution numérique dans laquelle Internet nous a fait entrer a totalement bouleversé le champ du renseignement et de la surveillance, devenue omniprésente et parfaitement immatérielle. Elle profite en premier lieux aux cinq entreprises privées qui dominent la Toile - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - et qui l'enrichissent de l'exploitation de nos données personnelles, qu'elles transfèrent par ailleurs en continu à la NSA, la plus secrète et la plus puissante des agences américaines de renseignement. Mais d'autre part et simultanément, au prétexte de lutter notamment contre le terrorisme, des gouvernements - y compris parmi les plus démocratiques -, s'érigent en Big Brother, n'hésitant plus à enfreindre leurs propres lois pour mieux espionner leurs citoyens.
Dans un texte fort documenté et nourri d'exemples, Ignacio Ramonet décrit l'alliance sans précédent - État, appareil militaire de sécurité, industries géantes du Web - qui a produit cet Empire de la surveillance qui défie les citoyens, restreint leurs droits civiques et met en péril une certaine conception de la démocratie. À l'appui de ces thèses, l'auteur convoque deux grands témoins avec lesquels il s'entretient : Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, et Noam Chomsky, l'un des plus grands intellectuels de notre temps.