Du coup d'État du 18 Brumaire à la défaite de Waterloo en 1815, les réformes, les victoires et les échecs de Napoléon se succèdent à un rythme effréné qui a souvent incité à considérer le Consulat et l'Empire comme un moment à part. Hors normes par leur densité événementielle, les années napoléoniennes se fondent pourtant dans l'histoire nationale dès lors que l'on envisage la refondation institutionnelle, les ancrages partisans qui subsistent ou les rythmes lents du pays par-delà les campagnes militaires : l'histoire de France ne saurait en effet s'identifier à celle d'un homme.
N'est-elle pas surtout hors cadre cette histoire, qui débute au retour d'Égypte d'un général dont la légitimité s'est bâtie en Italie, et qui s'achève dans une plaine belge, cette histoire qui recule les frontières du pays jusqu'à englober 130 départements ? Français de plein droit, les habitants d'Anvers ou de Gênes sont de fait les sujets à part entière d'une histoire de France devenue européenne.
Loin du romanesque biographique et du roman national, cet ouvrage retrace une construction collective que sa dislocation finale ne doit pas faire oublier : celle d'un impérialisme français déployé à l'échelle d'un continent, mais enlisé dans les contradictions de l'expansionnisme et de l'universalisme, sur fond de transformation d'une nation souveraine en empire. En associant ainsi intimement les dimensions intérieure et extérieure, ce livre ouvre une nouvelle histoire impériale.