L'histoire officielle a gravé dans le marbre le mythe d'une Amérique synonyme de démocratie, de liberté, de progrès. D'une république noble et généreuse, édifiée sur l'honnêteté, le courage, le labeur opiniâtre, la sueur et le sang de millions d'individus auxquels fut toujours offerte en retour la chance de s'attribuer une part du Rêve américain.
Le cinéma a relayé cette image idyllique et contribué à imposer au peuple américain et au monde entier des stéréotypes qui ont la vie d'autant plus dure que, débarrassée de tout rival, l'Amérique est, plus que jamais, le gendarme d'un monde sans blocs, bénéficiant en outre du soutien sans faille d'une grande partie des médias étrangers.
C'est contre cette vision mythique et déformée, véritable image d'Épinal, que s'inscrit en faux L'Empire du mal ?
Assénant faits et exemples ignorés ou méconnus, exposant sous une lumière crue des événements oubliés, cachés, dénaturés ou travestis, refusant la seule mémoire des grands hommes au profit des obscurs et des sans-grade, explorant les camps de concentration de la guerre de Sécession comme les laboratoires de l'anthrax, exhumant les souvenirs enfouis de l'Été rouge de 1919 ou les " émeutes zazoues " de 1943-1945, Roger Martin, tout au long des articles de son ouvrage, fait la démonstration que l'histoire américaine baigne dans une tradition dominée par l'idéologie du sang. Celui des " sous-hommes ", travailleurs forcés sous contrats blancs, Indiens, Noirs, Mexicains, syndicalistes ou déclassés sociaux.
D'Alamo à zazou, en passant par CIA, destinée manifeste, guerre bactériologique, pique-nique ou scalp, Roger Martin démonte légendes et mythes avec passion, rigueur et érudition.