Le monde a connu bien des empires, et certains d'entre eux
l'ont fait avancer sur le chemin de la connaissance, de la
tolérance et de la prospérité.
Mais l'ambition à peine dissimulée des États-Unis d'imposer une
pax americana et leur prétention à dominer un monde unipolaire
dont ils seraient à la fois le gendarme, la référence morale et
le modèle économique se heurte à une réalité tout autre : les
peuples renâclent et l'Amérique peine à leur faire entendre
raison.
Pourquoi ? Michael Mann avance que les ressources économiques,
politiques, militaires et idéologiques des États-Unis ne leur
permettent tout simplement pas de réaliser cette ambition.
Militairement, affirme-t-il, l'Amérique est un géant auquel
aucune armée ne résiste, mais qui est incapable de pacifier les
régions conquises.
Politiquement, c'est un État schizophrène qui hésite en permanence
entre le dialogue, le coup de force et le repli sur soi.
Incapable de piloter l'économie mondiale, elle doit se contenter
de pousser les pays moins riches à adopter une politique
néolibérale, au mépris de leurs intérêts.
Moralement, enfin, elle se proclame championne de valeurs telles
que la liberté, la démocratie et la création de richesses mais se
contredit en prétendant trop souvent les imposer par la force.
Ainsi se dessine un «empire incohérent» dont le militarisme
brouillon aggraverait le désordre mondial au lieu de le réduire,
en faisant naître des haines inextinguibles chez ses ennemis et
une hostilité glaciale chez ses alliés.
L'Empire incohérent est un réquisitoire implacable contre ce
nouvel impérialisme et un plaidoyer pour une Amérique plus
humble et plus réaliste. Un livre essentiel qui décrit en termes
contrastés les choix auxquels sont confrontés les électeurs
américains au moment où ils sont appelés à élire leur prochain
président.