Depuis plusieurs décennies, les ONG se sont faites les hérauts
d'une société civile aujourd'hui autant évoquée qu'imprécise
voire confuse. Internet a récemment permis l'éclosion de prises de
parole, d'expressions, d'opinions tous azimuts, de manifestations,
d'indignations, parfois de révoltes pas nécessairement suivies des
progrès attendus. Au XXIe siècle, la société civile ne se définit plus
par son extériorité à l'État, lui-même affaibli par le marché. De
surcroît, l'État est invité par les normes de «bonne gouvernance» à
gérer la société comme une vaste entreprise, opération à laquelle la
société civile est sommée de participer, ultime onction démocratique
plus ou moins authentique. En partant de trois terrains (Bangladesh,
Ouzbékistan et Chine), cet ouvrage interroge dans une perspective
anthropologique l'évolution des ONG et les principaux ressorts
idéologiques, mais aussi chimériques et symboliques, proposés par
la globalisation.