«C'est en Août 1972 que j'ai entrepris ce travail de rhapsodie, dans
la perspective d'une appropriation franchement avouée, au petit
bonheur des jours et des intervalles de lucidité. Je vais de merveille
en merveille, et ne manque pas d'en rendre grâce à la poésie, au génie
de notre langue et au culte de Rome.»
Ainsi écrivait Marcel Desportes (1920-2002), à la veille de s'atteler à
une traduction que nous avons voulu offrir à la collection «Cardinales»,
faite pour les écrits de l'Antiquité au XIXe siècle et dans laquelle est paru
l'admirable Conte de Goethe, dans une nouvelle traduction de François
Labbé. OEuvre sacrée à Rome, L'Énéide est l'opus magnum de la culture
occidentale avec les textes homériques d'une part, la Bible en son entier
de l'autre. Marcel Desportes - qui a laissé une oeuvre de traducteur, de
penseur et de prosateur de grande envergure, et qu'Orizons voudrait
faire connaître en partie - voyait en Virgile un «Voyant» et sur tous
les plans «un devancier», «notre contemporain» permanent. Le genre
humain étant le même, ce qui s'offrait à la spéculation de nos ancêtres
nous concerne tout aussi pertinemment au troisième millénaire.
Cette édition n'aurait pu voir le jour sans la détermination d'Yvon Desportes
et le travail éditorial rigoureux de Gianfranco Stroppini de Focara, auteur
d'une somme sur Virgile, déclinée dans quatre ouvrages publiés chez
Klincksieck et L'Harmattan.