Aujourd'hui, il n'est pas dit que le village d'Atoumanikro y échappe, y résiste... Il y a la sécheresse, il y a aussi la naissance de Baefouè - l'enfant difforme - et puis ces morts inattendues, inexpliquées, peut-être expiatrices... Le ballet maudit des oiseaux de chasse a livré ses ombres augures. La malédiction couvre de son ombre les habitants de ce petit village ivoirien. Qui a trahi ? Dans ce microcosme empreint d'une pesante tradition, qui a osé offenser les Ancêtres ? Question cruciale pour tous ces corps en souffrance que sont Baefouè, Acra ou Blalè. Réponses angoissées pour le coupable sur le point d'affronter le terrifiant Tribunal des Ancêtres.
Dans ce récit, Alexis K. Allah touche à l'univers étrange, riche et complexe de la fiction pure. Le tiraillement entre «ici et là-bas», entre l'Afrique et la France prend alors le visage d'une interrogation farouche qui devient rapidement une lutte poignante de l'individu contre l'emprise de la Tradition. En accompagnant la laideur de Baefouè et la douleur d'Acra, l'auteur se place du côté des vaincus, de ceux que les aléas de la vie torturent, de ceux aussi qui ont choisi de renoncer à la voie simpliste et oppressante d'une tradition, d'une conformité et d'une uniformité desséchantes. Une liberté difficile, peut-être même impossible ou inutile à conquérir - une liberté tramée de contradictions et qui s'exprime avant tout à travers un style minutieux, mêlant symbolisme et dérision...