A rebours des interprétations traditionnelles, cet ouvrage propose une lecture inédite du rapport d’Erasme à l’histoire. C’est sur le mode dramatique que Marie Barral-Baron envisage la manière dont Erasme vit l’histoire de son temps. Enthousiaste à l’idée de faire renaître les temps apostoliques, temps bénis du christianisme, il en oublie les réalités de la continuité historique. La brusque irruption de Luther, qui brise soudainement son rêve d’un nouvel âge d’or, lui permet de prendre conscience de sa tragique méprise. Bien involontairement, il a favorisé la rupture d’une unité chrétienne à laquelle il tient plus que tout, anéantissant ainsi lui-même ses propres espérances. Lorsqu’il en prend conscience, il corrige ses textes et révise son appréhension du temps, mais cette course contre la montre est perdue d’avance. Erasme sombre alors dans l’enfer de son propre échec, terrifié à l’idée d’avoir été abandonné par Dieu et confronté à la cruauté de l’histoire.