L'énigme de la domination
Lorsqu'on se penche avec un oeil philosophique sur les affaires humaines pour constater que les hommes, tels des porcs-épics, s'entassent et se pressent les uns contre les autres, une question surgit immédiatement : comment se fait-il que la vie sociale prenne le plus souvent, et sous un jour parfois inattendu, la forme énigmatique de rapports de domination par lesquels un homme devient le maître d'un autre ? Comment expliquer la docilité avec laquelle les hommes sacrifient leurs désirs aux exigences répressives de l'ordre dominant ? L'omniprésence et l'universalité des rapports de domination nous mettent au coeur de la comédie humaine, dans son abyme de fantasmes et de désirs. Les nouvelles machines à fabriquer l'oppression se sont affinées et forment comme une immense toile d'araignée. Sommes-nous condamnés à subir ad vitam aeternam, ad nauseam, l'immense usinage de la misère humaine, l'ordre tentaculaire du capital, les appareils idéologiques et répressifs, l'abrutissement culturel et affectif ?