Aristote signale dans sa Rhétorique que «l'usage de la parole est plus propre à l'homme que celui du corps». De ce constat résulte que l'activité rhétorique ne saurait être envisagée comme aboutissant à un traité de l'éloquence ou à un répertoire de figures de style. La visée et l'efficacité du discours (de tous ces discours qui peuplent notre monde...) obéissent plutôt à une dynamique de nature interactive, à une certaine logique humaine dont l'instrument - bien souvent implicite - serait l'enthymème : «le corps de la preuve». «la plus décisive des preuves».
Mais au-delà d'une «froide» vision logique de la langue, derrière chaque structure enthymématique, se trouvent les individus, les sensibilités, les croyances, le mythe, le doute, le possible, les émotions, l'art, l'espoir, le récit, la séduction... Autant d'arguments que les sciences de la parole en général (de la linguistique à la littérature, de la traduction à la publicité) devraient de nos jours approcher à nouveau, et avec d'autres outils peut-être.
Cette étude propose aux intéressés et aux passionnés de l'univers de la parole une vision d'ensemble à propos du raisonnement discursif ; un voyage explicatif à travers la tradition et l'étonnante modernité d'un mot, d'un concept et d'un phénomène indéfinissablement unis à l'histoire et à l'essor de notre civilisation.