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"Je ne suis pas marchand d’art, je suis galeriste", disait Leo Castelli (1907-1999). Ce grand bourgeois dilettante domina le marché de l’art contemporain américain pendant plus de quatre décennies au point d’en changer toutes les règles. Entre Trieste, Vienne, Milan, Bucarest et Paris, sa trajectoire est exemplaire de celle de ces Juifs cosmopolites, menacés dans les convulsions politiques du XXe siècle, qui durent s’exiler aux États-Unis. Il ouvre sa première galerie à New York en 1957, repérant et orchestrant la succession accélérée des mouvements artistiques : Pop Art, Minimal Art, art conceptuel. Il assure, à la manière européenne, son soutien financier aux artistes qu’il héroïse : Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist, etc. Il mobilise les réseaux culturels, médiatiques et mondains dont il est devenu familier, et révolutionne le statut de l’artiste, assurant à l’art américain de son époque une absolue hégémonie. Derrière ce personnage érudit et affable se cache pourtant une histoire beaucoup plus complexe, dramatique et mystérieuse, racontée ici comme une véritable odyssée.