Léonard Sénécal
Le rebelle écartelé
La Guadeloupe au XIXe siècle
Léonard né esclave à Basse-Terre (Guadeloupe) en 1807 devient progressivement
Sénécal, un homme libre qui affronte le système colonial.
Dépassant les pièges de l'hagiographie habituelle et partant d'une étude
minutieuse des sources documentaires, l'auteur nous expose les ressorts
cachés d'un système colonial avant et après l'abolition de 1848. Sénécal et
ses amis, francs-maçons et cultivateurs, battent en brèche le mythe du bon
nègre affranchi, nouveau citoyen, qui se laisse couler dans le moule du parfait
colonisé. D'autres mythes sont fustigés, comme celui de l'homme providentiel
(Victor Schoelcher) ou celui des bienfaits du colonialisme. Les luttes que
livrent Sénécal et les insulaires de Guadeloupe pour s'opposer aux destructions
provoquées par les sbires de l'administration coloniale et par les appareils du
pouvoir central, en particulier la Justice symbolisée par Rabou le procureur
général nommé en 1849 par le président Louis Napoléon, conduisent Oruno
D. Lara à réviser notre perception de la France coloniale pendant la seconde
moitié du XIXe siècle.
On comprend mieux, au fil des pages, les raisons qui ont poussé des familles
de Guadeloupe à quitter leur archipel pour partir et vivre définitivement
dans l'île anglaise de la Dominique, au Venezuela ou en Haïti. C'est le cas de
Sénécal qui réussit après avoir survécu pendant dix ans aux bagnes de Guyane,
à rompre en Guadeloupe avec les rapports de second esclavage instaurés par
les décrets d'avril 1848 et à se rendre avec sa famille dans le pays de Toussaint
Louverture et de Dessalines.