Au début des années quatre-vingt, émerge aux États- Unis et en Europe une maladie mortelle, le sida, qui frappe principalement les homosexuels et les usagers de drogues.
Les auteurs de cet ouvrage furent parmi les premiers scientifiques à documenter l'existence de cette maladie au Rwanda, pays déjà sérieusement touché par l'épidémie, et à décrire les modes de transmission jusque-là ignorés du virus responsable du sida : la transmission hétérosexuelle et la transmission à l'enfant par l'allaitement.
Ce livre décrit les multiples résistances rencontrées par les auteurs dans leur recherche : le déni et l'indifférence des autorités politiques, la désinformation et les rumeurs, les croyances et le silence contraint des malades stigmatisés. Il scrute les logiques qui ont conduit à la sous-estimation de la pandémie par l'Organisation mondiale de la Santé et l'Unicef.
Par un recours fréquent à la narration individuelle, ce récit nous fait revivre une bataille scientifique et politique méconnue, alors que le virus se répandait en Afrique à une vitesse exponentielle. Les enseignements tirés de cette expérience montrent l'importance des recherches médicales et sociales dans les contextes d'urgence épidémique, l'obligation de conserver une éthique rigoureuse, une cohabitation souvent difficile entre science et politique. L'ouvrage revêt une signification particulière face aux incessantes épidémies émergentes.