Les relations entre banquiers et clients, parfois violentes, souvent
méfiantes, sont fondées sur des contradictions profondes venant de
deux définitions de ce qu'est la banque : une institution sociale
assurant un service public ou un espace marchand poursuivant des
buts uniquement monétaires.
Les banques françaises ont entamé dans les années 60 un tournant
commercial qui a transformé leurs modes de recrutement, leur
management et les services proposés aux clients. Dans les années
60 et 70, le client bancaire «type» était un salarié disposant d'un
revenu permanent, qui lui permettait de projeter épargne et crédits.
Alors que la situation de l'emploi a changé, que les carrières sont
moins sûres, et que l'insertion professionnelle des jeunes générations
s'est compliquée, les banques continuent à exiger une stabilité
professionnelle, mais aussi personnelle et familiale. Cela les mène
soit à rejeter une partie de leurs clients, soit à trouver des moyens de
faire «comme si» les clients ressemblaient aux salariés stables
nécessaires au commerce d'argent tel qu'elles l'ont organisé.
Les clients eux-mêmes font en sorte de ressembler au modèle exigé.
Au travers d'entretiens avec des emprunteurs de crédit immobilier,
L'Épreuve de l'argent donne à voir ces efforts de mise en conformité de
soi avec l'image du «bon client bancaire».
Ce livre de «sociologie du quotidien» permet à chaque lecteur, tout
particulièrement en période de crise financière, de se retrouver et de
s'interroger sur son propre rapport à la banque et à l'argent.