Alors que la question du difficile renouvellement des élites allemandes après 1945 et du conservatisme persistant comme frein à la démocratisation sont au cœur des débats historiques actuels Outre-Rhin. Corine Defrance présente ici la première étude comparative des politiques universitaires des occupants occidentaux et de leur réception par les Allemands, responsables des Länder comme enseignants du Supérieur (Jaspers. Rothacker. Heidegger pour n'en citer que quelques-uns). Cet ouvrage est le fruit d'un très important travail d'archives, de collecte de témoignages écrits et oraux et d'une analyse approfondic des universités de Heidelberg. Bonn et Fribourg, situées respectivement dans les zones d'occupation américaine, britannique et française. L'auteur met en lumière les insuffisances de la dénazification, l'impossibilité de mener à bien une réforme profonde de l'Université allemande - qui allait devoir attendre la fin des années soixante - et la cassure du système universitaire dans l'immédiat après-guerre. En effet, au début de la guerre froide, l'Université devint un, enjeu majeur entre les «blocs» en formation : on assista à la «soviétisation» des établissements à l'Est de l'Allemagne et à l'«occidentalisation» des universités à l'Ouest, déchirant ainsi toujours davantage l'identité allemande.