Après le suicide de sa fille, dont il fut tenu pour responsable, Jake Heke n'est plus tout à fait comme ses frères maoris de la banlieue d'Auckland. Pour lui, l'ordre des choses semble avoir changé. Cet homme au passé violent, au caractère jusqu'alors méprisable, prétentieux et vulgaire, va tenter de donner un tout autre sens à sa vie en la fondant sur le respect de soi et la rédemption.
Mais dans cette métropole de Nouvelle-Zélande demeurent les paumés, les tueurs et les dealers, les femmes soumises, battues ou calculatrices et les adolescents perdus. Tout un monde sous l'emprise du sordide, une communauté, une famille réinventée organisée et possessive, qui ne laissera pas si facilement l'un des siens s'échapper vers les rives salvatrices de l'intégration.
A travers un livre hanté par l'effroyable destinée des minorités face à la modernité, Alan Duff retrouve les personnages de L'Ame des guerriers (Actes Sud, 1996) mais il s'attache ici plus particulièrement à l'itinéraire tumultueux d'un homme aux prises avec le rôle "tribal" qui lui incombe.
Dans ce puissant roman où lyrisme et oralité s'entremêlent, l'écrivain néo-zélandais déploie les voix de l'intime, du sensible et du charnel pour atteindre à une représentation sans faille du territoire malheureusement universel de la violence urbaine de notre temps.