Achille et Patrocle, David et Jonathan, Nisus et Euryale, etc., tout le monde a entendu citer ces paires d'amis.
Mais parmi ceux qui savent pourquoi ces noms sont associés, combien seraient capables de dépeindre l'amitié qui unissait ces jeunes gens ? Combien pourraient décrire leur vie, nous parler du décor et des temps qui les ont vu évoluer ? Edward Montier s'y emploie avec charme dans cet ouvrage, en nous autorisant à suivre les récits qu'il livre à son élève bien-aimé, un Phèdre moderne dont il serait le nouveau Socrate.
Les écrits du très catholique Edward Montier (1870-1954) inquiétèrent le Saint-Office qui les condamnèrent en 1927 en même temps qu'un courant littéraire qualifié de « mystico-sensuel ». Il est exact que Montier a exalté l'amitié entre éphèbes. Mais Il l'a fait sans craindre d'offenser Dieu, puisque, selon lui, Jésus, qui a aimé l'apôtre Jean, a fourni le témoignage de son amour jusqu'au soir de l'ultime Cène : « En tolérant ces tendresses, il les approuvait, et, les purifiant, pour ainsi dire, il nous y conviait. »
Les Amis célèbres constitue une sorte de contrepoison dont notre époque a plus que jamais besoin : dans un monde informatisé et trépidant, Montier redonne au temps une extension, une densité et une chaleur tout humaines qui nous font reprendre goût à la lecture.