C'est une époque, un style, une histoire. Les années 1980,
le post-modernisme architectural, la Gauche au pouvoir.
Les Grands Projets et Banlieues 89. Le Syndicat de l'architecture
et un mouvement en faveur des Ateliers Publics d'Architecture
et d'Urbanisme. Les uns en appelaient déjà à la raison, tandis
que les autres exaltaient encore la révolution. Le Mai 81
des architectes aura balancé durant au moins deux années
entre l'appel au projet et à la construction au sein d'un exercice
libéral canonique, et l'attente inassouvie d'un grand chamboulement
de la fabrique de la ville qu'auraient probablement suscité
la généralisation d'ateliers publics municipaux rassemblant
des architectes fonctionnaires.
Faire grève contre les fonctions officielles aura été l'un des privilèges
de ceux qui étaient jeunes en mai 68 ; 81 sonnera déjà la redistribution
des cartes et des positions. Mais si 68 fut une période de remises
en question, Mai 81 ne le fut pas moins. Et nous nous serions
trompés à nous être laissés aller à penser que les débats et polémiques
de l'époque se seraient éteints pour de bon. Comme un symptôme,
tous les lauréats français d'un grand projet mitterrandien se sont trouvés
engagés d'une manière ou d'une autre en 2008 dans le Grand Paris
de Nicolas Sarkozy.
Ce nouvel essai s'inscrit dans le prolongement des Architectes et Mai 68
paru chez le même éditeur il y a six ans. Il cherche à réactiver
et revisiter Mai 81 pour clore peut-être cet entre-deux-Mai
qui nous aura tous intensément marqués et aura si profondément
redessiné les contours de notre quotidien.