Si les liens entre littérature et religion, en particulier catholique, sont bien connus à travers Bernanos, Claudel ou Mauriac, si l'apport de certains artistes à l'art sacré s'est incarné à travers la chapelle du Plateau d'Assy ou les travaux de Le Corbusier, l'interrogation spirituelle dans l'art contemporain est souvent occultée. Pourquoi, même s'ils ne parlent pas de Dieu ou de religion, des peintres comme Pollock ou des photographes comme Serrano ne sont-ils pas davantage considérés comme des «prophètes» au vrai sens du terme : révélateurs d'interpellations fortes ? Pourquoi ne pas accueillir la voix de ces artistes comme prophétique, même si elle provoque la société, même si elle est éloignée d'un discours religieux explicite ? C'est tout le sens de la réflexion de Robert Pousseur.
Tour à tour, l'auteur analyse la manière dont les artistes ont vécu les ruptures du XXe siècle : la place du corps humain, déchiré et défiguré par les tueries et les totalitarismes, comme chez Giacometti ; la dimension prophétique des œuvres présente chez Music ; la place de l'artiste dans la société, dont témoigne Picasso, ou les liens entre la chair et Dieu.