La peinture et les peintres sont les objets principaux du présent recueil d'études qui s'échelonnent de 1962 à 1989. Publiées, inédites voire inachevées, elles constituent les « ateliers » de Max Loreau (Bruxelles, 1928-1990) où se sont tantôt ébauchées et tantôt appliquées une méthode et une écriture travaillées par un projet de mise en question des assises de la pensée occidentale traditionnelle, et donc par le désir de penser autrement le phénomène, le logos et l'origine.
Loreau, qui n'était pas peintre mais fut trompettiste de jazz, excellent photographe et philologue classique, a toujours suivi simultanément plusieurs voies (poésie, philosophie, réflexion sur le travail du peintre) afin d'arriver à une perpétuelle remise en jeu réciproque de ces catégories. Les écrits philosophiques de Loreau sont poétiques, ses écrits poétiques sont philosophiques et ses textes critiques obéissent à une exigence de rythme qui se veut engendrement du mouvement de la réflexion.
Professeur de philosophie (de 1964 à 1969) à l'Université libre de Bruxelles, il abandonna sa chaire de philosophie moderne et d'esthétique pour se consacrer entièrement à ses propres recherches. Grand connaisseur de l'humanisme italien de la Renaissance, c'est toutefois la peinture contemporaine - de Cézanne à Picasso, à Dubuffet et à Michaux - qui a servi de révélateur aux questions qui le préoccupaient. On en retrouve ici des traces toujours actives.