Napoléon III voulut purger la France de ses mauvais
garçons et des délinquants qui l'encombraient.
Deux grandes colonies pénitentiaires destinées au
peuplement se développèrent alors rapidement : la
Nouvelle-Calédonie et la Guyane. En un siècle, près
de 100 000 hommes et femmes furent transportés dans
ces contrées éloignées et hostiles. Nombre de ces
forçats, qui étaient loin d'être des criminels
chevronnés, n'avaient pas mérité de vivre un tel
calvaire pour peupler la «terre de la grande punition».
Beaucoup furent éliminés par la violence, par les
travaux forcés dont témoigna Albert Londres, par le
vice et la maladie. Et, parmi ceux qui purgèrent leur
peine, peu revirent la France. C'est l'histoire de ces
êtres, hauts en couleur, en turpitudes et en misère,
que Pierre Dufour nous raconte ici. Aujourd'hui, les
vestiges de ces bagnes, dans les îles du Salut ou à
Saint-Laurent-du-Maroni, continuent à parler au
visiteur : y subsistent encore quelques témoins qui
entretiennent la mémoire orale de ces lieux de
douleur, dans les bistrots de Cayenne, de Kourou ou
de Saint-Laurent.