« Au commencement de notre grand voyage, nous étions un peu angoissés à l'idée d'entreprendre ces kilomètres en un petit groupe. Mais, la curiosité aidant, l'occasion unique de traverser les Balkans fut plus forte que nos doutes, nos appréhensions. Que de fois nous eûmes l'impression que la terre sous nos pieds avait cessé d'être stable, sans compter la fatigue, les mœurs différentes autour de nous ! Plus rien de paisible, ni de lisse ; que de changements en un voyage, en une coulée qui faisait surgir un monde où s'entrechoquaient le beau, le laid, le bien, le mal, ce qui provoquait d'époustouflantes inversions en nous tous. » La mémoire n'est pas une bobine que l'on déroule... Plutôt un puits duquel on retire des impressions, des images fortes, des souvenirs marquants, des visages... Sans doute est-ce pour cela que le texte de H. Favre-des-Côtes rompt avec la chronologie pour mieux faire saillir la beauté, la mystique, l'intensité, le dépaysement jaillis de son voyage à travers les Balkans, alors que la guerre dominait l'Europe. Récit d'une expérience déstabilisante et formatrice, constitué de fragments tantôt magiques tantôt tragiques, cet ouvrage singulier est tout entier porté par sa liberté absolue, puissante, poétique.