Dans une étrange maison de prostitution, les <<Belles Endormies>>, parées de leurs charmes, attendent des <<clients de tout repos>>, des hommes dans leur grand âge. Ainsi Eguchi y passera des nuits inoubliables, admirant les splendeurs offertes et évoquant en de longues méditations entrecoupées de rêves les femmes qui ont marqué sa vie. Mais ces <<Belles>> ne seraient-elles pas, comme dans certaines vieilles légendes, des <<avatars de quelque Bouddha>>, comme cette <<dame d'Eguchi>> que célèbre un fameux nô du XIVe siècle ?
Ecrit en 1970, deux ans avant sa mort, Les Belles Endormies demeure le chef-d'oeuvre incontestable de Yasunari Kawabata. L'écrivain japonais, prix Nobel de littérature en 1968, y décrit avec minutie ce pavillon des délices où règnent trouble et fascination. En de brèves phrases où reviennent sans cesse et jusqu'à l'obsession les mots les plus simples, il dépeint la solitude d'un homme qui conserve la lucidité et le détachement d'un esthète.