À partir des années 1840, des lignes de chemin de fer sont construites aux confins du Massif
central pour desservir les bassins miniers. Ces premières voies ferrées, voulues par des
industriels, sont à l'origine du développement d'un réseau qui a profondément changé la vie
des habitants de régions souvent difficiles d'accès et parfois repliées sur elles-mêmes. Alors
que dès la fin du XIXe siècle des députés, tel Théophile Roussel en Lozère, se démènent pour
que le chemin de fer n'oublie pas leurs départements, les mentalités évoluent très vite. La
peur des débuts (qui va jusqu'au sabotage des lignes) cède devant la diffusion du progrès et
l'émergence de nouvelles migrations (exode rural vers la capitale et les grandes villes, développement
du tourisme à partir de la Belle Époque). L'agriculture est révolutionnée par l'arrivée
des engrais, l'industrie connaît un développement sans précédent. Ces changements
ont un prix : l'engagement d'hommes qui percent des voies avec des moyens techniques
dérisoires, édifient tunnels, viaducs et ponts vertigineux, ne va pas sans de nombreux morts.
Mais cette bataille du rail, véritable exploit physique, ouvre des voies de communication
dans ce qui paraissait n'être que désert. Des premières lignes ouvertes jusqu'à la fermeture
récente de certaines d'entre elles, ce livre raconte cent soixante-dix ans d'histoire du Massif
central et aborde les perspectives d'avenir du réseau ferré dans des régions où il a profondément
transformé les existences humaines.