Le souvenir ne s'est pas décoloré. Les années n'ont pas terni
l'image. La jeune étudiante s'éloigne toujours, le visage tendrement
incliné et les bras remplis de livres, du lycée Condorcet
en descendant les marches qui mènent rue du Havre. Dans ses
bras sont encore et toujours retenus et caressés les premiers
émois, les cris passionnés, l'ardeur d'entreprendre, la joie
devant les matières, la poussière des ateliers, l'harmonieuse
simplicité de l'Oxfordshire, le travail nocturne du poète sous la
lampe, la ferveur née de l'oeuvre commune et la vigueur des
accents singuliers. Y figurent aussi les formes du dépouillement
et les roses du deuil.