Le Royaume-Uni resta-t-il impassible face aux bouleversements politiques et sociaux provoqués par la révolution française de 1848 ? Il s'en faut de beaucoup. D'emblée, les Britanniques manifestèrent un vaste et intense intérêt pour les événements qui survenaient en France ; ils y réagirent, ils en débattirent, ils y répondirent. Articles de presse, brochures, discours, sermons, lettres, journaux privés, œuvres littéraires, caricatures politiques - dont le présent ouvrage offre un large échantillon - tous ces documents attestent la diversité autant que la vivacité de leurs réactions. Les chartistes, les nationalistes irlandais et certains radicaux anglais s'enthousiasmèrent pour les journées de Février et pour la seconde République. Le «droit au travail», les ateliers nationaux, les théories socialistes, les journées de Juin préoceupèrent les Britanniques, car ils renvoyaient aux inégalités et aux luttes sociales que connaissait le royaume. Pour les plus conservateurs, en revanche, l'importation d'une révolution française était un spectre redoutable et redouté, et ceux-ci firent contre ce danger un large usage de stéréotypes nationaux.
Si le Royaume-Uni ne connut pas de révolution en 1848, la contestation, cependant, toucha largement le pays : les chartistes se mobilisèrent à nouveau, et les militants de la Jeune Irlande cherchèrent à obtenir l'abrogation de l'Union avec la Grande-Bretagne. Le pouvoir parvint à contenir et à réprimer ces tentatives.
Au miroir de la révolution française apparaissent ainsi les craintes, les espérances et les valeurs des Britanniques de 1848.