Cet essai sous forme de notes ne prétend pas analyser de manière
exhaustive l'oeuvre de David Fincher, dont l'évocation de quelques
titres (Seven, Fight Club, Zodiac, The Social Network, Panic Room,
Millenium, House of Cards...) suffit à faire frémir les consciences
cinéphiles. Il s'agit plutôt d'une tentative d'approche de ses films à
travers des fragments d'images fixes. Cliché médico-légal, amateur
voire érotique, images d'archives, albums de famille : la photographie
se décline, dans le cinéma de Fincher, sous sa forme la plus évidente,
appelant implicitement la mémoire des grands photographes
contemporains (Witkin, Hido, Arbus...). Largement tournée vers les
images de synthèse, l'oeuvre du réalisateur américain est travaillée
en profondeur par une fascination aiguë pour l'image argentique. Que
nous disent ces lambeaux de photographies, convoqués d'un film
à l'autre, de sa conception du monde et de la représentation ? À la
manière de l'archéologue, Nathan Réra sonde ces strates d'images
immobiles en pénétrant leur chair ardente, en essayant d'en dénouer
les secrets et les ombres. Car si «la photo elle-même n'est en rien
animée» comme l'écrit Roland Barthes, «elle [nous] anime : c'est ce
que fait toute aventure».