Épopée en prose composée de six Chants, "Les Chants de Maldoror" est un livre magique et torturé, archétype même de l'œuvre de génie, et sans doute œuvre la plus déconcertante de la littérature française. Aujourd'hui encore, on ignore presque tout des intentions de Lautréamont (pseudonyme d'Isidore Ducasse), comme on ignore sa vie intime, son caractère et même son physique. L'idée fondamentale du livre est celle d'une rébellion de l'homme contre Dieu. Tirant son inspiration de Edward Young (pour la grandiloquence funèbre), de Lord Byron (pour le satanisme) et de Dante (pour la couleur de certaines visions), Lautréamont y célèbre la haute malfaisance du grand Créateur, cet "Étemel à face de vipère", en se fondant sur tous les crimes dont sa création est le théâtre depuis l'origine des temps. Faisant de Dieu l'objet de son exécration, l'auteur s'installe dans l'absurde pour mieux blasphémer son nom et, dans une sorte de course à l'abîme tout au long du récit, ne relâche jamais rien de sa fureur blasphématoire.