Les chemins de désir
« Les architectes appellent "chemins de désir" les sentiers qui se forment progressivement sous les pas des marcheurs, des animaux ou des cyclistes, à côté des infrastructures prévues pour eux. Ils apparaissent dans la neige sale, l'herbe foulée, dans la boue et sur le bitume frais. La plupart du temps, on les voit à peine. »
Enfant et momentanément esseulée dans la maison de ses grands-parents, la narratrice tombe sur une revue « pour adultes », dont elle a le temps de regarder quelques images avant que son père ne la découvre et l'interrompe. Ces images oubliées se réveillent à l'adolescence, au contact d'une BD rencontrée par hasard. La narratrice découvre alors l'univers de la pornographie et tout ce qu'il provoque en elle. Ce sont les années 1990 et les BD laissent bientôt place aux premiers sites web, puis aux puissantes et prédatrices plateformes des « tubes ». Au contact de ces nouveaux supports, les « chemins de désir » esquissés dans l'enfance se développent dans des direction inattendues...
Cette exploration intime de l'imagerie pornographique est prise dans une tension qui lui donne toute sa force : d'un côté la conscience des conditions le plus souvent exécrables de production du porno (domination masculine, exploitation de femmes très jeunes, modèle de sexualité fondé sur la soumission), et d'un autre côté une fascination irrépressible, qui pousse à y aller voir, encore et encore.