La compréhension que nous avons des grottes ornées n'a pas deux siècles. Elle
remonte à la découverte d'Altamira (1879) puis des Combarelles (1901).
L'étude de l'art rupestre en est aux prémices. Pas d'Aristote ou de
Ptolémée, de Kepler, de Galilée, pas de Copernic, de Newton, aucun
jalon. De plein fouet les grottes se sont ouvertes au regard, sans autre
forme d'annonce. Dès lors, comment voir les oeuvres pariétales ?
En marge de son oeuvre romanesque, Michel Jullien nous livre
ici une réflexion sur fart rupestre sous forme d'essai, d'échappée, de
rêverie. Il nous convie au seuil des Combarelles, dans le Périgord noir,
près de la Vézère, un long boyau maculé de centaines de gravures. En
promeneur érudit, il s'invite dans une vingtaine d'autres grottes,
convoque une multitude de figures littéraires, mais plus encore, tisse
son texte à partir d'un corpus iconographique des plus insolites. Le
bestiaire magdalénien y côtoie des images comme celles de la Nasa
envoyées dans l'espace dans les années 1970, celles d'Hiroshima après
le bombardement atomique, des dessins de Hugo, les corps de Pompéi,
les photographies de Fox Talbot, les chevaux de Géricault... foison
visuelle intriquée à son propos, qui déconcerte le lecteur comme les oeuvres pariétales saisissent le visiteur des cavernes.