Longtemps taxé de frénétisme et d’incohérence, Octave Mirbeau (1848- 1917) a manifesté au contraire, toute sa vie, une étonnante cohérence tant dans sa personnalité (il est un révolté, un battant, un assoiffé d'absolu double d'un écorché vif) que dans ses engagements et sa création littéraire. Après avoir été un "prolétaire de lettres" pendant une douzaine d’années, il a entamé sa "rédemption" en mettant dorénavant sa plume au service de la justice et de la beauté. Il a conçu ses chroniques, ses contes, ses romans et son théâtre comme autant de moyens de dessiller les yeux de ses contemporains. Pour cette "révolution du regard", il a mis en œuvre une esthétique de la révélation (totale subjectivité, dérision, démystification). Conscient des impasses du roman et du théâtre de l’époque, il a frayé des voies nouvelles où se combinent impressionnisme et expressionnisme.