Les Confessions d'un petit philosophe font partie de ces textes qui, par leur concision et leur justesse, pénètrent le coeur des choses. En quarante-cinq chapitres, se succédant par touches, comme des fables sans morale, Azorín se souvient : de son enfance dans un village de l'arrière-pays d'Alicante, d'un ermite dont la seule occupation consistait à planter des arbres, du long périple pour se rendre au collège à Yecla, petite ville morne où se cristallisent l'ennui des études, l'émoi des premières lectures, la volonté d'échapper à l'autorité et à l'emprise de la religion...
Si Azorín se définit comme un « petit » philosophe, c'est certes par modestie, mais aussi parce que cette promenade en forme d'autobiographie, plutôt que de retracer les moments glorieux d'une vie, s'attache à des visions du quotidien, préfère décrire les autres plutôt que soi, et déploie une cartographie sensible, nostalgique, parfois ironique, qui rappelle par moments les courtes proses d'un Walser ou d'un Tozzi. Un texte parfait, étincelant de discrétion.