Non loin de Samarang, au fond d’un golfe que la mer s’est creusé en face de la petite île de Madura, s’étend une plaine où la végétation puissante des zones tropicales, une végétation de jungles, disparaissait, à l’époque de notre récit, sous les efforts intelligents de quelques colons européens. Ceux-ci avaient choisi ce lieu isolé pour s’y livrer à des cultures qui payèrent au centuple leurs peines et leurs sueurs. Hommes infatigables, anciens marins, dégoûtés de l’Océan, sur lequel quelques-uns d’entre eux avaient navigué plus souvent comme forbans que comme amateurs, ils s’étaient réunis au nombre de cinq, pour défricher, à l’aide d’un travail dont le chant du coq donnait chaque matin le signal, une terre où les eaux vaseuses et croupissantes, sur lesquelles des plantes aux larges feuilles étendaient leur éventail, où une forêt serrée comme les mailles d’un corselet de fer, opposaient aux labeurs des cinq colons des obstacles dont leur infatigable activité et leur santé robuste finirent par triompher.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.