Mort il y a vingt-cinq ans, en 1975, Dimitri Chostakovitch, à partir de 1969, consacre ses oeuvres, qui seront ses dernières, à l'expression musicale du thème de la mort. Bien loin de son image de compositeur officiel de l'U.R.S.S. stalinienne et de ses productions réalistes-socialistes, le Chostakovitch de la 14e Symphonie, du 15e Quatuor à cordes, de la Suite sur des poèmes de Michel-Ange et de la Sonate pour alto et piano nous dévoile l'univers sonore d'un art de l'extrême et de l'extrémité, d'une intense beauté et d'une profondeur inouïe.
A travers les motifs de la guerre et de la violence, de l'amour et de l'érotisme, de la création artistique, Chostakovitch parvient à figurer de multiples aspects du phénomène mortuaire. Dans la musique vocale comme instrumentale, la forme musicale des oeuvres et leur contenu intertextuel (réminiscences et auto-citations) conditionnent un langage essentiellement duel, qui semble déterminer l'attitude et la philosophie du compositeur face au temps musical et, finalement, au temps du deuil et de la mort.