Les derniers mondains
« Après m'être essayé à emboîter le pas de ces mémorialistes qui avaient fait mes délices, pouvais-je prétendre succéder aux auteurs qui ont élevé la chronique mondaine au rang de chef-d'oeuvre absolu ? Évidemment, non. De surenchère littéraire il ne pouvait donc pas être question, sauf à sombrer dans le pastiche sans talent. Il n'était pas davantage envisageable de maquiller ce livre en grave ouvrage d'histoire ou de sociologie. J'ai pris la plume pour me désennuyer d'une société où les bien-pensants et l'égalitarisme triomphent.
Si j'ai entrepris la rédaction de ce livre c'est pour le plaisir d'écrire et de sacrifier tout à la fois à mon goût du récit et à ma passion de l'anecdote, mais c'est aussi pour rendre un hommage ému et parfois amusé aux derniers proustiens, à cette France que j'aime, qui ne veut pas mourir et qui est parvenue, mais pour combien de temps encore, à suspendre la marche du temps perdu. »