Les Dessous chics sont de vraies chroniques à l'ancienne,
sincères, où l'air du temps, la subjectivité, la
provocation, l'égotisme stendhalien et la poésie ont
leur place. Elles sont habitées par un petit peuple
noctambule, des acteurs locaux de la culture, des
groupes de rock, des peintres : tout un théâtre de
la vie provinciale avec ses rites, doux-amers, sous le
ciel gris de la Picardie. L'homme se balade la nuit,
dans les bistrots, les rades, les restaurants, les cocktails,
les vernissages d'expositions. Il rencontre parfois
de drôles de gens dont il brosse des portraits à
cru, sans apprêt, baignés par la lumière froide de la
lune.
Ça sent aussi l'encre, le papier, les rencontres
magnifiques sans quoi le métier de localiser ne vaudrait
pas la peine d'être vécu. Cette sorte de pâte littéraire,
d'abord amiénoise et picarde, finit par
recouvrer des parfums d'universel. L'aristocrate du
stylo, au regard perçant, possède le sens des
valeurs : «Nous serons heureux grâce à la bonne littérature
et à la nostalgie, carburants essentiels aux
gens de qualité.»
Hussard de gauche, rouge et réac à ses heures, il
n'a toujours pas digéré qu'on lui retire son époque
bénie, les sixties et les seventies, la France des
Trente Glorieuses. Son panthéon accueille des écrivains
à la plume acérée et à la phrase grattée jusqu'à
l'os.
Avec le personnage du Marquis des Dessous chics,
il se métamorphose en nobliau à la coule, en hobereau
désengage et désenchanté, égaré dans son
époque ; un émigré de l'intérieur qui se raccroche
à la musique et à la littérature, deux viatiques pour
temps incertains, sans se prendre au sérieux : «Dès
que l'automne revient, je me contente d'être bêtement
mélancolique.»